
J’ai eu un AVC hémorragique à 43 ans, sans antécédents médicaux, ni familiaux, je ne fumais pas, buvais pas, n’étais pas en surpoids. Pas de signes avant-coureurs. D’une seconde à l’autre j’ai eu plein de symptômes (aphasie, hémiplégie droite, visage affaissé à droite). J’ai bénéficié d’une rééducation multi-domaines au pôle Saint Hélier à Rennes, après un séjour de quelques jours au CHR de Rennes pour gérer le pire de la crise. D’abord en hospitalisation complète pendant quelques mois, puis en hospitalisation de jour. Après 10 mois, ma rééducation a été confiée aux praticiens libéraux et à l’auto-rééducation. J’ai dû quasiment tout réapprendre (me tenir relevé, tenir debout, remarcher, reparler, lire, écrire, réactiver mes facultés cognitives, réapprendre à faire de l’effort, me concentrer, être sensible à l’odorat et au goût, tout gérer avec une main et en plus la gauche (étant auparavant droitier…). J’ai été aidé et encouragé par le dévouement inconditionnelle de ma compagne et de certains de mes amis d’avant et mes nouveaux amis de rééducations (un moment comme ça créé des liens forts). De la rééducation intensive des 2 premières années après l’AVC, en mode combat, je suis passé à une rééducation à mi-temps (2 séances de kiné et 1 séance en balnéo et 2 séances d’orthophonie) en plus mon auto-rééducation. J’ai aussi fait le nécessaire pour pouvoir reconduire (petit test pratique avec un inspecteur en réel pour voir si l’équipement de conduite à une main est bien maitrisé, visite chez un médecin agréé par la préfecture, achat d’une voiture à boite automatique revente de l’ancienne (quasi neuve…), installation de l’équipement à une main). Cela m’a permis aussi de tenter une reprise du travail. Je travaillais chez Capgemini en tant qu’ingénieur en développement informatique. Après une période de mi-temps thérapeutique (4 mois) j’ai été placé en invalidité par le médecin conseil de la CPAM et j’ai dû négocier un mi-temps contractuel avec mon employeur. Au bout d’un an Capgemini a procédé à une réorganisation et a fermé l’agence, spécialisée dans l’informatique embarquée), à laquelle j’appartenais et nous a, mes collègues et moi, recyclé dans l’informatique de gestion, m’obligeant à encore une fois réapprendre des nouveaux logiciels, langages, process, … Cela m’a épuisé cognitivement en plus de mon mi-temps de rééducation. Après des longues périodes d’arrêt de travail entrelacés de période de travail, j’ai été licencié pour inaptitude médicale. Coté financier, je m’en sors grâce à un complément assuré par la prévoyance que j’avais étant salarié de Capgemini. Suite à cela, j’ai suivi un cursus UEROS au sein de LADAPT de Rennes pour essayer de rebondir professionnellement dans un emploi qui aura du sens pour moi et avec un environnement plus respectable.
De nature inventif et bricoleur j’ai réappris à bricoler de la main gauche. J’étais déjà assez ambidextre pour le bricolage, une chance ! Ma main droite, maintenant, peux être utile, comme un outil, pour serrer/tenir mais de façon assez limité car le poignet n’est pas mobile et mon cerveau ne commande que quelques muscles sur le membre supérieur droit. A titre d’exemple j’ai bricolé, avec l’aide d’un voisin, un vélo avec toutes les commandes (freins, manettes sélecteur de vitesses et plateaux) à gauche. A droite du guidon, j’ai placé des cornes de guidons de part et d’autre de la poignée droite afin de stabiliser ma prise. Merci aux kinés de saint Hélier de m’avoir assisté pour que je retrouve l’équilibre, c’était pas gagné d’avance !
L’AVC a fait un chamboulement dans ma vie d’avant et celles de mes proches. Ma vie d’après est très différente, pour certains aspect, de ma vie initiale. Depuis quelques années je ne fais plus vraiment de progrès face aux séquelles de l’AVC et j’observe déjà des prémisses d’une usure anticipée de mon corps asymétrique. Mais s’adapter c’est vivre !